Chronique de Nicolas-Jean Bréhon Le candidat idéal
De l'expérience, le sens du compromis, une appétence au travail technique et de la régularité. Telles sont les qualités d'un eurodéputé.
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L'enjeu aux élections européennes du 25 mai prochain : élire 74 députés français au Parlement européen (PE). 74 sur 751 eurodéputés. Quel est le profil idéal ?
Le député(e) idéal doit avoir des qualités politiques. Le PE est une assemblée politique et a un poids politique réel. A l'exception de quelques sujets – il est vrai, majeurs, tels que les grandes orientations budgétaires – le PE est codécideur, à égalité avec le Conseil, composé des ministres des Etats. Quand les Etats sont unis, le PE est souvent battu. Quand les Etats sont divisés, le PE sait imposer ses vues.
Pour simplifier, dans le domaine agricole, on peut dire que la version finale du règlement paiements directs a été écrite par les Etats, tandis que le règlement de l'organisation commune des marchés a été écrite par le PE.
Il faut au député(e) une expérience politique, pour être écouté. Mais attention, pas trop. Les grandes figures de la politique nationale tentées par Bruxelles ne font pas illusion longtemps : leur réputation dépasse rarement l'Hexagone, certains démissionnent aussitôt élus, d'autres ne viennent pas siéger et, s'ils viennent voter, n'exercent aucune influence. Quant au profil inverse, l'apparatchik de parti qui peut parfaitement être élu s'il est bien positionné sur une liste, il ne parviendra jamais à intéresser l'électeur.
Il faut un sens du compromis. Aucun parti n'a la majorité absolue au PE, de telle sorte qu'il faut toujours chercher le compromis : 40 % des votes se font à la quasi-unanimité (sur les OGM, par exemple). Dans 30 % des cas, il s'agit de votes de consensus, les votes de confrontation ne représentent que 30 % des cas.
Il faut faire partie d'un groupe pour exister. Les députés de groupuscules marginaux n'ont aucune influence.
Le député idéal doit aussi avoir des qualités techniques. Car le PE n'a pas pour mission de soutenir un gouvernement mais, avant tout, d'adopter des règlements qui encadrent notre vie quotidienne et l'agriculture en particulier. Il s'agit d'un rôle législatif.
Il faut donc au député(e) une appétence au travail technique. Le poste clef est celui de rapporteur d'un texte ou, à défaut, celui de shadow rapporteur, désigné par le groupe politique pour suivre le texte, en parallèle avec le rapporteur en titre. Dans les deux cas, il faut aimer se coltiner les textes, les amendements techniques.
Il faut aussi de la régularité, une grande présence et une compétence incontestée, pour être reconnu par ses pairs des autres Etats membres.Peu de partis disposent de ces profils en stock. Et l'électeur ne s'y trompe pas. A-t-on jamais vu une campagne électorale aussi triste et des électeurs aussi désabusés ?
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